Qu’est-ce qu’une Ulis ?

“C’est souvent perçu comme une classe, mais ce n’est pas le cas, explique Avigal Ama-Tuillier, aujourd’hui psychopédagogue pour l’association cognitice, ayant enseigné pendant 9 dans en Ulis sur Paris. L’enfant est élève de plein droit dans une classe ordinaire, pour bénéficier des avantages de temps collectifs comme les autres, mais il bénéficie d’un aménagement d’emploi du temps pour lui permettre d’aller en regroupement avec d’autres élèves affectés en Ulis où il travaillera différemment les matières.” Une confusion expliquant le choix de changement de l’appellation de ce dispositif anciennement nommé “classe pour inclusion scolaire” (Clis).

La distinction entre Ulis et SEGPA est floue pour le grand public, parce que ces dispositifs sont tous les deux intégrés dans les écoles ordinaires. La différence, c’est que les Ulis peuvent exister dans les écoles primaires, collèges et lycées et elles permettent à l’enfant de poursuivre un parcours scolaire général. La SEGPA est uniquement présente au collège et oriente l’élève vers un parcours professionnel tout en gardant des temps de cours généraux.

Les Ulis font parties des différentes options de scolarité disponibles dans le projet personnalisé de scolarisation (PPS) pour les enfants handicapés. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, les Ulis ne sont pas dédiés aux enfants avec des déficiences intellectuelles lourdes, mais également aux élèves avec des troubles du langage et de l’apprentissage, et parfois du comportement à un certain degré seulement.

Il existe plusieurs types de dispositifs Ulis avec des spécificités différentes afin d’être adaptés aux différents troubles et difficultés comme les :

• TFV : troubles de la fonction visuelle
• TFA : troubles de la fonction auditive
• TFC : troubles des fonctions cognitives ou mentales
• TED : troubles envahissants du développement (dont l'autisme)
• TSLA : troubles spécifiques du langage et des apprentissages
• TMA : troubles multiples associés (pluri-handicap ou maladie invalidante)
• TFM : troubles des fonctions motrices

Les journées des élèves en dispositif Ulis se divisent en temps d’inclusion dans la vie collective du reste de l’école et en regroupement entre élèves du même dispositif pour des temps d’apprentissage spécialisés. La gestion entre ce temps scolaire adapté et les moments d’inclusion est gérée par un enseignant appelé “coordinateur”. Il s’agit d'un professionnel de l’enseignement formé pour les troubles liés à ce dispositif. Dans certains cas, l’intervention d’un AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) peut être nécessaire. Il s’agit d’un(e) professionnel(le) qui vient en soutien à l’enseignant, seulement auprès des enfants du dispositif, pour aider à la mise en place et au respect des aménagements dédiés à l’enfant définis dans le PPS. Il peut prendre le temps de reformuler une consigne, par exemple, l’aider à suivre son emploi du temps, il/elle accompagne en sortie de scolaire aussi.

“L’aménagement de l’emploi du temps important est un avantage pour les enfants qui sont vite fatigables. Les temps d’Ulis, moins formels et moins anxiogènes, respectent plus les particularités de chacun. Ils permettent à ceux qui sont en difficulté en milieu ordinaire, d’aborder les heures de cours avec beaucoup plus de sérénité”, explique notre interlocutrice.

L’enseignante, forte de son expérience, tient également à informer sur un point qui pourrait être un inconvénient pour certains parents. “En Ulis c’est l’enseignant coordinateur, qui décide de l’aménagement de l’enfant, et même du cycle (niveau scolaire dans les Ulis). Si les parents ne sont pas d’accord, ils ont peu de regard et aucun recours, contrairement à l’inclusion scolaire individuelle où le pouvoir de décision est moins unilatéral.”

Le plus souvent, c’est l’équipe pédagogique de l’école qui propose le parcours en dispositif Ulis aux parents. Qu’il s’agisse d’un handicap lourd ou d’un trouble de l’apprentissage, si les parents sont d’accord, il leur faudra remplir une demande via un dossier MDPH.

Ensuite, la commission des droits et de l’autonomie handicapées (CDAPH) évalue les difficultés, souhaits et besoins de l’enfant exprimés dans le document avant de rendre une décision. Soit, elle valide la demande en Ulis, soit elle propose une orientation vers l’un des dispositifs scolaires existants pour les enfants en situation de handicap, qui leur semble plus adaptée. Des préconisations d’adaptation d’emploi du temps, d’aménagement de cours, de formations et de matériels peuvent également être précisées.

Une fois la décision validée (il est tout à fait possible de la refuser), c’est le directeur académique des services de l’éducation nationale (Dasen) qui décide dans quelle Ulis l’enfant sera affecté, en fonction des places disponibles. Si les Ulis les plus proches de chez vous sont complètes, votre enfant sera mis sur liste d’attente.

À savoir : il n’y a pas de dispositif Ulis dans toutes les écoles. La répartition des différentes spécialités de ce dispositif varie selon les zones de France et les places peu nombreuses. “Ce n’est pas non plus parce qu’il y a une Ulis dans l’école de votre enfant qu’il y sera placé, explique Avigal Amar-Tuillier. Le dispositif de son école peut être complet, et le type d’Ulis dans lequel l’enseignant de référence choisit de l’affecter par rapport à ses difficultés peut se trouver ailleurs.” La fréquence de mise sur liste d’attente et d’affectation loin du domicile est importante à noter.

→En savoir plus sur les solutions s’il n’y a pas de place en établissement spécialisé

Si la décision d’affecter l’enfant en Ulis, où le choix du dispositif et son emplacement ne conviennent pas aux parents, il est tout à fait possible de refuser. Dans ce cas, l’enfant reste scolarisé dans son école de référence. Les parents peuvent refaire un nouveau dossier MDPH pour demander des aménagements ou un autre type de scolarité comme l’inclusion individuelle, par exemple.

Pour les enfants qui vont en Ulis loin de chez eux, il y a deux options de transports :

• Soit le Conseil départemental dédommage les familles qui peuvent faire appel à des compagnies de transports spécialisées par elle-même

• Soit le Conseil départemental organise lui-même le trajet avec des entreprises de transports partenaires

Pour les démarches, il faut voir soit en envoyant directement un courrier au service de transports de votre Conseil départemental, soit en vous rapprochant de la direction de l’établissement où votre enfant doit aller.

→Trouvez les compagnies de transport adaptées proches de chez vous