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Une éducatrice en ITEP donne un cours à des enfants atteints de troubles psychiques article

Tout savoir sur l'Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique (ITEP) 

Publié le 27/02/2023 - par Bénédicte Demmer | 10 min de lecture

L’Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique (ITEP) accueille les enfants dont les troubles psychiques perturbent gravement leur socialisation et le suivi d’un cursus scolaire ordinaire.  

Un ITEP, c’est quoi ? 

L’Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique est un établissement spécialisé pour les enfants ou adolescents avec des difficultés psychiques, une intelligence préservée  (trouble de l’attention, hyperactivité ) et qui présentent des troubles du comportement importants. Un ITEP peut être adapté pour un enfant dont ces troubles perturbent la socialisation, entraînent un isolement ou compliquent l’entrée ou la poursuite dans les apprentissages d'une scolarité normale et la socialisation dans sa globalité (sport, activités extra-scolaire, relations avec es pairs).  

L’objectif d’un ITEP est de conjuguer des soins thérapeutiques dédiés à l’enfant ou l’adolescent et un accompagnement pédagogique et éducatif afin de développer ses capacités, prendre conscience de ses difficultés et évoluer vers une autonomie autant que possible. Pour cela, l’établissement propose au sein d’un même endroit, l’assistance d’une équipe pluridisciplinaire formée de professionnels de santé, du médico-social et de l’enseignement.  

Selon la circulaire interministérielle, publiée dans le journal officiel du 14 mai 2007, un ITEP doit pouvoir offrir :  

  • Des prestations de soins adaptées à la problématique de l’enfant (psychiatre, psychomotriciens, orthophonistes etc.)  

  • Des activités pédagogiques et éducatives  

  • Des psychothérapies spécialisées (en groupe ou individuelles) avec (si besoin) prescription et suivi médicamenteux  

  • Un suivi pédagogique en lien avec le Projet de scolarisation personnalisé (PPS) définit dans le dossier MDPH de l’enfant pour maintenir son apprentissage ou favoriser un retour en parcours scolaire classique (pour cela il doit être possible d’allier prise en charge à l’ITEP et scolarité en milieu ordinaire à temps plein ou partiel) 

  • L’orientation vers un projet professionnel adapté  

ITEP: quel âge ? Et pour qui ? 

Tout comme les IME, chaque ITEP accueille des enfants d’âges variables. Il existe généralement des ITEP pour les enfants de 6 à 12 (ou 14) ans et des ITEP pour les jeunes de 12 (ou 14) ans jusqu’à 20 ans. 

“Les ITEP peuvent accueillir les enfants atteints de troubles psychiques, c’est-à-dire, avec des troubles du comportement et de la conduite, explique Nadia GMAR, cheffe de service dans un ITEP à Cholet. Nos structures ne gèrent pas les enfants avec une déficience intellectuelle. Néanmoins nous accueillons parfois des enfants déscolarisés depuis si longtemps, qu’ils accumulent un retard scolaire important.” 

Dans certains cas, le trouble du comportement est trop sévère et il n'est pas possible d’évaluer immédiatement s’il y a un trouble intellectuel ou pas. Si c'est le cas, l'enfant pourra être réorienté dans un Institut Médico-Educatif (IME) lorsqu’il sera plus apaisé.  

Comment fonctionne un ITEP ?  

Le programme de votre enfant évolue au fur et à mesure de l’année et s’adapte à sa situation, à ses progrès, et à ses difficultés. En général, l’ITEP est jumelé avec un Service d’Education Spécialisée et de Soins à Domicile (SESSAD), qui accompagne les enfants qui restent scolarisés en milieu ordinaire. Ils viennent directement dans les locaux où est scolarisé l’enfant pour des suivis éducatifs et thérapeutiques (psychologue ou psychomotricité). Cela permet de faire évoluer l’accompagnement selon les progrès vers un passage à l’accueil de jour.  

Pour les enfants qui sont à temps plein dans l’établissement, la journée débute à 8h45 et termine à 16 h 30. Sur place, il y a tout une équipe pluridisciplinaire avec des enseignants, des éducateurs, des formateurs, des thérapeutes, psychologues et psychomotriciens spécialisés.  

“La journée est coupée en cinq temps, explique Nadia Gmar. Le matin sera divisé en deux temps : soit classe, soit sport, soit une activité éducative ensuite le repas est encadré par des éducateurs, puis l’après-midi se fait comme la matinée. 70% des enfants que nous suivons sont en temps partagé, ils sont à l’ITEP, mais aussi scolarisés quelques heures en milieu ordinaire. Le planning et la durée du temps passé dans chaque temps sont adaptés aux possibilités du jeune.” 

En ce qui concerne les temps pédagogiques, les enfants sont regroupés par groupe d’âge (entre 5 et 6 enfants) et non par niveau scolaire. “Pour les temps éducatifs, des ateliers répondant aux difficultés des enfants avec troubles du comportement, cela peut être de la relaxation, par exemple, un travail sur les émotions (apprendre à les gérer, les reconnaître), apprendre à gérer la frustration, travailler la relation aux autres comment avoir une attitude adaptée. Des ateliers sur l’image et la confiance en soi peuvent aussi être dispensés, ou encore sur les contes pour travailler l’imaginaire des plus petits.” 

Un retour total dans l’école ou collège habituel est envisageable en fonction de l’évolution de la situation. Dans ce cas, l’enfant sera accompagné par l’équipe du SESSAD pour soutenir la scolarisation. S’il rencontre des difficultés, il pourra revenir à l’ITEP pour davantage de soutien. Le passage par le Sessad n’est pas une règle, c’est en fonction du besoin de soutien du jeune. 

A noter : les ITEP sont généralement fermés pendant une partie des vacances scolaires. 

Les modalités d’accueil en ITEP  

Quelques ITEP proposent de l’internat. Bien que la décision soit difficile pour les parents, laisser l’enfant passer plusieurs nuits à l’ITEP peut être bénéfique pour tout le monde. D’abord pour l’enfant, parce que cela peut permettre la facilitation d’intervention de certains professionnels externes et limiter la fatigue. “La prise de distance temporaire avec l’environnement habituel peut ouvrir des perspectives de mobilisation personnelle pour le jeune : l’internat offrira ainsi un temps de séparation nécessaire pour réenvisager les relations familiales autrement”, précise la circulaire. En tant que parents aidants aussi, bien qu’il soit difficile de laisser son enfant en dehors du cadre familial, la charge que représente les allers-retours en plus des autres obligations individuelles, professionnelles et familiales peuvent être rapidement épuisantes et mener au burn-out. L’internat (même seulement pour quelques jours) peut vous permettre aux parents aidants de se reposer. C’est une forme de répit pour tout le monde. 

 Epuisement physique, fatigue morale : en savoir plus sur les solutions de répit 

La plupart des ITEP doivent pouvoir proposer, non pas toutes, mais différentes options d’accueil :  

  • Accueil de jour ou Semi-internat (l’enfant arrive le matin et rentre le soir)  

  • L’internat modulé (l’enfant passe quelques nuits dans la semaine dans l’établissement)  

  • Internat complet (avec possibilité de rentrer ou pas le week-end) 

Comment se passe le transport ?  

Comment faire si l’ITEP est loin de chez vous ? Comment gérer le trajet de l’enfant entre l’établissement et l’école s’il bénéficie de temps en classe ordinaire alors que vous travaillez ? En général tout est géré par l’ITEP.  

“Pour les enfants les plus jeunes (6-11ans), à temps plein dans notre établissement, nous avons un organisme de transport collectif, mais aussi des chauffeurs accompagnateurs, qui passent les chercher et les ramène le soir. Si l’enfant est à l’école et qu’il commence dès 8h30, ce sont les parents qui l’emmènent et nous on vient le récupérer à la fin de ses heures de cours. Les collégiens sont récupérés aux arrêts de bus les plus proches de chez eux ou de leur collège, car prendre les transports en commun permet aussi de travailler l’autonomie.” 

Comment intégrer un ITEP ? 

“L’intégration en établissement spécialisé se fait avec l’accord des parents, explique Nadia Gmar. Généralement c’est l’école qui les alerte parce que l’enfant n’est pas en capacité de tenir dans une classe de 25 à 30 élèves. Il y a des crises, de la mise en danger, de la violence physique ou verbale, ou toutes ces situations à la fois.”  

Si les parents sont d’accord, il faudra qu’ils remplissent un dossier MDPH. A l’issue de l’évaluation de ce dernier, la commission des droits aux personnes handicapées (CDAPH), décide si l’intégration en ITEP est adaptée à la situation de l’enfant, ou si une autre solution est préférable. 

La difficulté d’acceptation des parents  

“Il n’est pas facile pour les parents d’admettre que leur enfant est en grande difficulté avec un besoin d’être admis en établissement spécialisé", constate la professionnelle du médico-social. Pour rassurer les familles et mieux cerner l’enfant, un parcours d’intégration est souvent mis en place.  “Les parents peuvent visiter l’ITEP avant de signer une orientation. Notre directeur adjoint leur fait visiter l’établissement et leur en explique le fonctionnement. Ensuite, si je peux, je reçois ce dernier avec sa famille et un psychologue ou un médecin psychiatre pour aborder l'histoire de vie de l’enfant depuis la grossesse et les attentes des parents vis-à-vis de l’ITEP.” 

Au cours de sa carrière, Nadia constate que l’adhésion des familles n’est pas la même pour tous. Certains acceptent parce qu’ils n’ont pas le choix, à cause d’une menace de la protection de l’enfance, d’autres parce qu’ils voient leur enfant souffrir ou être déscolarisé depuis plusieurs années et ils ne peuvent plus tenir. 

“Quand un enfant ne va plus à l’école à cause de troubles sévères du comportement, les parents sont souvent obligés d’arrêter de travailler ce qui contribue à l’isolement, d’autant que rester toute la journée avec un enfant atteint de trouble psychique peut être particulièrement dur. On voit aussi beaucoup de sentiment de culpabilité, avec la sensation d’avoir raté quelque chose parce que votre enfant ne file pas comme la société le demande.”  

Le coût d’un ITEP 

Tout est financé par la Sécurité sociale, donc gratuit pour les familles, y compris les transports. Certains établissements peuvent demander une contribution pour les repas. 

Trouver un ITEP à proximité de chez soi 

Lorsque le verdict est rendu, il est généralement accompagné d’une liste d’ITEP proches du lieu d’habitation de l’enfant. C’est aux parents de faire les démarches et appeler pour trouver un établissement. 

Trouvez les ITEP proches de chez vous sur Ma Boussole Aidants 

Comment faire quand il n’y a pas de place ?  

L’offre de places dans les établissements spécialisés n’est pas homogène sur tout le territoire. Les places sont peu nombreuses et le temps d’attente entre la demande et le jour d’intégration en ITEP peut s’étendre de plusieurs mois à plusieurs années, en fonction des régions.  

Pour éviter au maximum, que les parents se retrouvent sans solution d’accueil pour leur enfant, plusieurs dispositifs ont été mis en place :  

  • Les PCPE (Pôles de compétences et de prestations externalisées) : une équipe de professionnels formés à comprendre ce dont vous avez besoin et à trouver rapidement les bons professionnels pour accompagner votre enfant de manière provisoire.

 

  • La Réponse accompagnée pour tous (RAPT) : fait partie des dispositifs mis en place à la MDPH en tant que recours à une décision d’orientation vers une solution qui ne vous convient pas.

  • Les maisons de répit : des lieux avec des professionnels formés au handicap ou à la perte d’autonomie (soins médicaux compris) qui peuvent accueillir un enfant ou un adulte handicapé pour une journée ou un court séjour.   
     
  • L’accueil temporaire : jardins d'enfants, halte garderie, il existe des structures privées ou associatives qui accueillent pour quelques heures les enfants dans un environnement adapté. 

En savoir plus sur les options pour les enfants qui n'ont pas de place en établissement

Pour trouver du soutien, Ma Boussole Aidants vous propose

des interlocuteurs et des services géolocalisés

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Ici, Ma Boussole Aidants prend un parti assez différent : celui de s’attacher à ce qu’il est possible de faire, pour s’organiser et fonctionner au quotidien avec son proche, pour se comprendre et communiquer. Les déficiences sont un fait, mais leurs conséquences peuvent parfois être atténuées par de petites stratégies notamment en lien avec l’environnement matériel et social.

Tout en gardant à l’esprit que les situations sont très différentes d’une personne à l’autre, et qu’il n’y a pas une seule bonne façon de faire, Ma Boussole vous propose ici des articles et des témoignages pour vous aider à mieux comprendre ce qui se joue à différents moments clé généralement rencontrés quand on accompagne un proche malade ou en situation de handicap. Quand c’est le cas, ils pourront aussi vous aiguiller sur ces comportements au quotidien qui peuvent faciliter certaines situations.