Gérer l'argent d'un proche : quand et comment aborder le sujet ?

Gérer l'argent d'un proche : quand et comment aborder le sujet ?

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Parler d’argent n’est jamais simple. Pourtant, anticiper permet de protéger ses intérêts et d’éviter les urgences. Découvrez comment aborder le sujet et mettre en place, étape par étape, les démarches adaptées.

Il n’est pas toujours facile de faire face à la perte d’autonomie d’un proche. Plusieurs questions se posent alors concernant la gestion de son budget mais surtout, sur la manière d’aborder le sujet et les différentes solutions qui s’offrent à lui afin d’assurer la gestion de son argent. 

Pour quelles raisons faut-il y penser ?

La gestion de l’argent d’un proche par un aidant a pour objectif de protéger les plus fragiles et d’éviter toute sorte de désagréments comme les arnaques diverses, les difficultés financières, mais aussi de gérer le budget et d’effectuer des démarches comme celles liées à la succession pour les futurs héritiers. Le risque lié à cela est grand et il est dans l’intérêt de tout le monde de faire en sorte que votre proche soit protégé, que ses revenus servent à sa vie quotidienne et que ses dépenses soient encadrées. C’est le but de ces solutions qui préservent l’argent et le patrimoine de votre proche. Il faut savoir que, dans certaines conditions, l’aidant a la possibilité d’être rémunéré pour son aide grâce à l’allocation APA afin de minimiser sa possible perte de revenus.  

Les signes qui doivent alerter

Plusieurs signaux peuvent vous mettre la puce à l’oreille et vous pousser à prendre des décisions concernant la gestion de l’argent de votre proche. Notamment en cas de perte d’autonomie, de perte de lucidité ou de troubles de la mémoire. Cela peut se manifester par différents comportements tels que des oublis fréquents et récurrents d’achats réalisés, des trous dans les comptes, des factures non ouvertes ou en retard ou encore des achats inhabituels. Les personnes et profils concernés peuvent aller des personnes âgées en perte d'autonomie et/ou avec des problèmes cognitifs ou émotionnels aux personnes avec un handicap ou des limites physiques comme des problèmes de vue ou d’arthrite. Dans ces moments, vous pouvez intervenir et proposer à votre proche une solution d’aide à la gestion de son argent et de ses revenus, tout en respectant ses droits et envies.  

Procéder par étapes

Prendre le relai dans la gestion des comptes de votre proche n’est pas une situation anodine. Cela peut représenter une forme d’échec pour ce dernier. Votre proche aura certainement besoin que tout cela se fasse progressivement afin de faciliter la transition et de ne pas le priver de l’autonomie qu’il possède. 

En cas de perte d'autonomie légère 

Vous pouvez commencer par un suivi régulier, puis contacter la banque pour mettre en place des virements automatiques pour gérer les factures régulières, remplacer sa carte bancaire par une carte prépayée rechargeable avec le montant souhaité et établi ensemble. Ou encore envisager une procuration bancaire.

En cas de perte d'autonomie sévère 

Si la capacité de votre proche à gérer son budget et ses démarches est sévèrement altérée, vous pouvez envisager un accompagnement plus important via une protection judiciaire telle que :

  • La curatelle, 
  • La curatelle renforcée,
  • La sauvegarde de justice, 
  • La procuration limitée ou générale, 
  • Le mandat de protection future. 

L’intervention d’un notaire est possible et recommandée pour expliquer les différents termes plus en détails et faciliter les démarches. Toutes ces options et solutions de protection ont pour objectif d’anticiper et de prévoir la gestion des finances et du patrimoine du vivant ou après le décès de votre proche.  

La transparence est nécessaire pour éviter les conflits et la perte de confiance, que vous soyez un aidant de la famille ou autre. Il faut savoir que 71 % des aidants interviennent dans le suivi ou la gestion des comptes (source : groupe BPCE).

Agir avec respect

Quand un proche présente une perte d’autonomie ou une pathologie qui l’empêche de gérer ses comptes correctement, il est essentiel de l’aider dans ses missions en prenant le relai. Cependant, cela peut très souvent être perçu comme une intrusion dans son intimité et comme quelque chose de dégradant et d’infantilisant pour votre proche qui perd alors tout contrôle sur ses finances. Il est alors important d’agir avec respect pour que le partage des tâches se passe bien et que votre proche soit rassuré.  

La priorité est d’aborder le sujet avec délicatesse et empathie, en mettant en avant les bénéfices qui sont son bien-être et sa sécurité. Il faut aussi expliquer les différentes options qui se présentent à lui, sans qu’elles soient perçues comme des contraintes ou des obligations. Son accord est nécessaire. Il faut l’impliquer dans la prise de décision autant que possible. La communication va être la clé de la réussite de la transition de la gestion de ses comptes.  

Vous pouvez amener le sujet en essayant de faire comprendre à votre proche que les décisions prises ne sont pas contre lui, mais plutôt dans une volonté de le protéger. Il faut lui laisser l’autonomie nécessaire pour que la transition se fasse en douceur. Il faut communiquer et éventuellement faire intervenir un tiers pour expliquer les décisions et actions qui vont probablement avec un impact sur sa vie. Sa protection est une priorité. 

Les conseils de nos experts

Coralie Poirier et Bérangère Boucher de l'Atelier budgétaire : association dédiée à l'accompagnement et l'inclusion financière.

Comment aborder la question de la gestion de l’argent d’un proche qui en a besoin ?    

Tout va dépendre de la communication avec le proche de façon générale et particulièrement sur ce sujet.  

On est à l’aise :  

  • Rebondir sur un fait constaté (exemple : consommation inhabituelle…) 
  • Faire part de son inquiétude  

On n’est pas à l’aise :  

  • Présenter le sujet de manière plus indirecte (exemple d’un voisin, d’un reportage sur le sujet, d’un livre, d’un podcast…), avec un support. Vous pouvez vous aider de la série d’épisodes du podcast de l’Atelier budgétaire qui s’intitule “Compter sur ses proches” et qui aborde les questions liées au budget et à l’argent des proches.  

  • Parler de soi  

L’objectif est de recueillir la parole de son proche pour amorcer la discussion sur le sujet et évaluer la perception de la situation par le proche. 

 

Une fois le dialogue engagé, l’idée est de bien définir le rôle de l’aidant : les domaines d’intervention (administratif, gestion des comptes…) et son rôle précis (“jusqu’où” on accepte de faire). Chacun doit poser ses besoins, ses limites. Il est important de respecter la volonté de chacun, le rythme de chacun en favorisant la collaboration, le “faire-avec” pour maintenir la personne en tant que sujet et éviter l’épuisement.  

 

En fonction de l’investissement choisi, l’aide apportée peut être familiale (vous et d’autres membres de la famille) et/ou professionnelle. Quand les aidants familiaux sont plusieurs, il est indispensable d’échanger sur le sujet (en restant sur des faits), et le rôle de chacun. Toute personne a ses limites, ses croyances, ses possibilités en tant qu’aidant. La médiation familiale peut être une possibilité pour aider à s’accorder. Les choix (les décisions) vont impacter directement l’organisation. 

 

Quels conseils donneriez-vous à un aidant qui souhaite que cela se déroule dans les meilleures conditions ?    

 

  • Être au clair avec ses besoins, ses limites. Avoir anticipé ce que l’on souhaite aborder. 

  • Choisir le bon moment d’échange pour soi et pour l’autre. 

  • Proposer sans imposer un échange  

  • Être dans une écoute active et empathique 

  • Avoir à l’esprit que l’autre est sujet de sa vie, de la relation 

  • Accepter que l’autre ne soit pas du même avis et que ses besoins ne soient pas ceux que l’on avait imaginé  

  • Ne pas chercher absolument à convaincre  

  

Gérer le budget dans une relation aidant/aidé