Sommaire
Le sport permet de lutter contre la sédentarité, renforce l’estime de soi et favorise l’acceptation du handicap. Parents et athlètes handisport nous racontent.
Basket fauteuil, cécifoot, athlétisme handisport, para-équitation... Il existe aujourd’hui une offre plus développée de clubs sportifs adaptés au handicap quelles que soient les affinités de votre enfant. Malgré ça, vous hésitez. Parce que vous avez peur que ça se passe mal avec le coach ou les autres enfants, que votre enfant se blesse, que ça renforce son isolement ou tout simplement parce que vous n’avez aucune idée de la structure à laquelle vous adresser. Ces questions sont légitimes et pour vous aider à prendre votre décision, nous sommes allés à la rencontre de ceux qui pourront y répondre de manière fiable et vous rassurer.
Le handisport c’est quoi ?
En France, il y a deux fédérations sportives officielles en fonction du type de handicap : la Fédération Française de Sport Adapté (FFSA) pour le handicap mental et psychique et la Fédération Française Handisport (FFH) pour le handicap physique ou sensoriel. La labellisation d’un club sportif par la FFH garantit :
-
L’adaptation du sport et des règles pour les personnes porteuses de handicap ;
-
L’insertion de l’enfant dans un club où il pourra pratiquer avec d’autres personnes en situation de handicap ;
-
Une capacité d’accessibilité et d’accueil en fonction du type de handicap ;
Un accompagnement de l’enfant par un moniteur ou éducateur formé au sport en question, mais aussi au handicap ;
-
Du matériel adapté.
Pourquoi pratiquer un handisport ?
Une amélioration de la motricité et l’état général
On le sait, le sport entretien la forme physique et favorise la prévention des maladies (diabète, obésité, arthrose...). C’est valable pour les personnes valides, mais d’autant plus pour les personnes en situation de handicap, pour qui les conséquences de la sédentarisation sont encore plus lourdes au niveau de la motricité et l’état général de l’organisme.
La pratique d’une activité physique régulière renforce la masse musculaire pour mieux maîtriser les gestes du quotidien, elle active le système cardio-respiratoire pour une meilleure énergie et résistance à la fatigue, et elle renforce la motricité fine en améliorant la coordination.
Une estime de soi et une vie sociale stimulées
Au-delà du bénéfice physique, le sport favorise le développement de la vie sociale, de la santé mentale et prévient le risque de repli sur soi. “On ne s’en rend pas forcément compte, mais le sport à l’école permet de créer des liens, des souvenirs et renforce la confiance en soi”, nous explique Johanna Zilberstein, double championne de France de para-équitation. A 11 ans, cette athlète de haut niveau s’est réveillée un matin avec l’impossibilité de marcher à cause d’une maladie de croissance ayant provoqué une lésion au niveau de l’articulation entre la cheville et le tibia. Après plusieurs périodes (parfois des années) la jambe dans le plâtre, la jeune femme ne peut aujourd’hui pas poser le talon par terre, ni relever le pied. “J’étais adolescente quand ça m’est arrivé. Ne pas pouvoir faire de sport m’a coupée des autres et a rendu l’acceptation du handicap encore plus difficile. Je ne voyais que ce que je n’étais plus capable de faire.”
Passionnée d’équitation depuis toute petite, l’idée d’arrêter à cause de son handicap n’a jamais été une option pour elle. Soutenue par ses parents, Johanna a d’abord trouvé tous les moyens de s’adapter pour continuer à monter à cheval comme avant, parfois même avec la jambe plâtrée. Plus tard, en voulant participer à des concours de dressage pour valides, la Fédération la redirige alors vers la catégorie de sport adaptée à son handicap : le para-dressage.
Le sport favorise l’acceptation du handicap
La pratique d’un sport avec d’autres personnes en situation de handicap permet de challenger le sportif et redonner espoir quant à ses propres capacités en lui permettant une compétition équitable.
“Mon projet sportif m’a redonné goût à la vie. Avant ça je ne voyais que ce que je ne pouvais pas faire à cause de mon handicap. Aujourd’hui, je vois plus ce qu’il est possible de faire que l’inverse et ça change la vie.” Cette productrice de contenus, anciennement journaliste sportive, admet que le sport lui a permis de dépasser les limites que les médecins avaient prédit. Johanna est aujourd'hui dans la course pour se qualifier parmi les 4 athlètes de para-dressage qui représenteront la France aux Jeux Paralympiques 2024.
Sans nécessairement viser le palmarès olympique, le dépassement de soi, la dépense d’énergie et la stimulation en équipe, aident à lutter contre l’isolement de l’enfant. “Le sport m’a appris beaucoup de belles valeurs. Le fair-play, le dépassement de soi… Parfois, j'ai peur et quand j’arrive à dépasser mon mental, c'est incroyablement gratifiant et ça donne confiance en soi”.
Doutes et réticences des parents : ils témoignent
Est-ce qu’il/elle va y arriver ?
Laëtitia, maman de Jordan, 12 ans : “J’avais peur qu’il n’y arrive pas. Que des échecs à répétition le fasse encore plus douter de lui-même, qu’il ne s’en remette pas et moi non plus. Mais ça a été tout le contraire. Il n’a pas réussi tout de suite, il y a eu des erreurs, mais voir que les autres avaient parfois des difficultés l’a aidé à persévérer. C’est un combat et une évolution incroyable à voir pour un parent.”
Evoluer dans un groupe avec d’autres handicapés
Pour Johanna, la double championne de para-dressage, le handisport n’était pas une option envisagée au départ. “Je voulais m’inscrire à un concours avec des valides. Je me suis toujours adaptée au sport et non l’inverse.” Mais aujourd'hui, elle admet que cette configuration, plus adaptée à elle, lui permet de “mieux pratiquer et dans le plus grand confort”.
“Jordan n’avait pas envie de se retrouver avec d’autres personnes handicapées parce qu’il fait tout pour cacher son handicap. Et pour être honnête, j’avais aussi des réticences. J’avais peur que ça ne l’aide pas à évoluer dans la société ordinaire et que ça lui mine le moral. Ça a été tout l’inverse. Là-bas, iln’a pas à se cacher, il est lui-même et il a beaucoup appris de ses co-équipiers.”, ajoute Laëtitia.
Et s’il/elle se fait mal ?
“Il faut vraiment rassurer les parents sur la bienveillance et le sérieux des encadrants”, insiste Laëtitia. La question de l’appréhension des parents face aux risques de blessures, Johanna l’a bien connue aussi. “Ils ont eu des réticences évidemment, mais ils n’ont pas eu le cœur de m’arrêter. Il faut faire confiance à ceux qui sont concernés. Je connais mes limites, je n’irai pas mettre en danger inutilement.”
Être le premier supporter de votre enfant
“Si vous avez peur ou que vous n’avez pas envie, l’enfant va le sentir et ça ne le mettra pas en confiance. Il faut que tout le monde y aille avec plaisir”, conseille Laëtitia.
Handicap physique : quelles démarches pour inscrire mon enfant ?
Pour l’inscription dans un club sportif, c’est vers la Fédération Française Handisport qu’il faut vous tourner. Que votre enfant sache déjà le sport qu’il veut pratiquer ou non, l’association propose environ 30 sports de loisirs ou de compétition spécialisés dans 88 départements.
Pour trouver les clubs adaptés au handicap de votre enfant proches de chez vous, il y a deux possibilités :
trouver vous-même le club de votre choix grâce à la carte interactive disponible sur le site;
-
prendre rendez-vous avec votre Comité Départemental afin qu’on vous conseille sur les différents handisports proches de chez vous en fonction du handicap de votre enfant.
Une fois l’activité choisie, adressez-vous directement au club pour qu’il se charge de vous obtenir une licence. Elle permet de pouvoir pratiquer tous les sports affiliés par la FFH, l’accès aux compétitions, et de bénéficier d’assurances nécessaires aux sportifs handicapés.Pour l’obtenir, il vous faudra fournir un certificat de non contre-indication au sport choisi, signé par le médecin de l’enfant.
Sport et handicap : les aides financières
L’état a mis en place une aide financière baptisée “Pass’Port” permettant à certaines familles de bénéficier d’une aide de 50 euros pour participer aux frais d’adhésion de l’enfant à un club sportif. Pour être éligible, l’enfant doit avoir entre 6 et 18 ans et être issu d’une famille bénéficiant de l’allocation d’éducation pour enfant handicapé (AEEH), ou de l’allocation adulte handicapé (AAH), ou de l’allocation de rentrée scolaire (ARS).
Comment l’obtenir ? Il n’y a aucune démarche à faire. Les familles éligibles reçoivent directement une lettre au cours de l’été précédent les inscriptions de rentrée afin de les informer de leur droit de bénéficier de cette aide.
Certaines collectivités territoriales mettent en place des aides pour financier l’inscription dans un club de sport, à condition de remplir les critères d’éligibilité. Renseignez-vous auprès de votre Caf, de votre Comité Départemental ou votre Mairie.