une femme discute avec sa manager sur sa situation d'aidante

Salariés aidants : comment en parler à son employeur ?

Comment oser parler de sa situation d'aidant salarié et à qui ? Comment éviter la stigmatisation et le conflit avec les collègues ?


Devoir partir en urgence, être en retard parce qu'une aide à domicile est absente, prendre des congés à répétition… Les contraintes personnelles d’un salarié qui s’occupe d’un proche malade, âgé ou handicapé ressemblent beaucoup à celles des parents d’enfants en bas-âge. Contrairement à ces derniers, le sujet de l’aidant reste encore méconnu. Engager soi-même la discussion, sans nécessairement donner trop de détails personnels, et sensibiliser l’entreprise et les collaborateurs à votre situation et vos contraintes vous aidera à obtenir de l’écoute et des solutions adaptées de leur part.

Pourquoi il vaut mieux informer votre employeur

Bien qu’il reste encore du chemin à faire, un panel d’aides et de droits légaux (allocations, congés ou absences) est à disposition des salariés aidants afin de les aider à concilier leur carrière et leur rôle d’aidant. Sans aborder la discussion avec votre entreprise, vous pourriez passer à côté d’une de ces ressources.

Au-delà de vos droits, parler de votre situation d’aidant à votre employeur pourrait éviter des malentendus. La pression physique et psychologique liée à votre rôle d’aidant pourrait avoir un impact négatif sur votre capacité de concentration ou sur la qualité de votre travail. L’objectif n’est pas de vous confier, mais de prévenir d’éventuelles difficultés ou de futures absences répétées afin de trouver des solutions.

Comment aborder la discussion avec son manager ?

“Pour faciliter l’échange, préparez cet entretien en amont”, conseille Sigrid Jaud, Co-fondatrice de l’agence Les Aidantes&Co, spécialisée dans la mise en place de solutions entre les aidants salariés et les entreprises. Les entreprises préfèrent qu'on leur apporte des solutions. Il vaut mieux arriver avec des demandes concrètes en expliquant qu'on reste motivé et impliqué dans sa mission.”

Rédigez une liste de besoins justifiés par des arguments liés à votre situation d’aidant, sans donner de détails personnels. Fixez une temporalité du mieux que vous pouvez afin de créer un cadre. Par exemple : “j’ai besoin de flexibilité au niveau des horaires sur ces différents jours pour accompagner mon proche à des entretiens médicaux.”

Aidants : vos interlocuteurs au sein de l’entreprise

Si la relation avec votre manager n’est pas favorable, ou s’il ne semble pas ouvert à la discussion, vous pouvez vous adresser à d’autres interlocuteurs de votre entreprise :

  • L’assistante sociale ou le care manager

  • La médecine du travail

  • Le service Ressources Humaines

  • Les délégués du personnel

Le regard des autres dans l’entreprise

“Un aidant n’est pas obligé d’évoquer sa situation avec ses collègues, mais le regard des autres est toujours important, rappelle Sigrid Jaud. Sans en dévoiler trop, il peut être bon de demander à son manager comment en parler et faire l’équilibre entre ce que les autres peuvent savoir et comprendre”. Cela pourrait éviter les jugements et les questionnements sur d’éventuels avantages dont vous bénéficiez par rapport aux autres qui pourraient nuire à la situation.

Aborder le sujet avec vos collègues peut également servir d’ouverture à la discussion et de sensibilisation au sujet. “Certains pourraient s’avérer être un soutien bienveillant en venant en appui psychologique ou logistique. Pour terminer des dossiers en cas d’imprévu, par exemple ou en partageant leur expérience d’aidant, s’ils vivent la même chose que vous. Faire connaître sa situation déclenche aussi parfois un élan de solidarité et favorise le don de jours de congés.”

Qu’est-ce que le don de jours de congés ?

Depuis 2014, la loi “mathys” (n° 2014-459) permet aux salariés du secteur privé et publique de faire don de jours de repos non utilisés à un collègue salarié qui en aurait besoin si un cadre a été défini dans un accord d’entreprise. Il est possible de faire don de jours de congés à un parent d’enfant handicapé ou gravement malade, de moins de 20 ans ou un aidant d’une personne d’une personne adulte handicapée à plus de 80 % ou d’une personne âgée en perte d’autonomie.



    Vidéo : Aider et travailler