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Une équipe de foot inclusives fête la victoire d'un matcharticle

Sport inclusif : travailler l'ouverture vers les autres en s'amusant

Publié le 02/09/2022 - par Bénédicte Demmer | 7 min de lecture

Le sport inclusif permet d’inclure un enfant en situation de handicap dans un groupe d’enfant sans handicap. En quoi cette option peut-elle être bénéfique pour votre enfant ? Comment l’inscrire ? Comment l’ont vécu ceux qui ont déjà tenté ?

Qu’il soit physique, mental ou psychique, le handicap ne doit pas être un frein à la pratique d’un sport. Il existe aujourd’hui plusieurs organisations, structures et disciplines qui permettent de pratiquer une activité sportive quel que soit le handicap et le degré de ce dernier. Si on parle plus souvent d’handisport ou de sport adapté, il existe une autre configuration : le sport inclusif.

Le sport inclusif : c’est quoi ?

Contrairement aux deux premières options qui font généralement évoluer les personnes handicapées entre-elles, le sport inclusif implique obligatoirement que l’enfant en situation de handicap pratique dans un club sportif avec d’autres enfants sans handicap. Une possibilité pour laquelle l’association Les enfants de la balle, créée par des parents d’enfants en situation de handicap, se bat depuis 5 ans.

Au sein de l’association, Margot est responsable projet inclusif et accompagne également des enfants dans leur projet sportif.

“Tout a commencé lorsque le Président de notre association, Etienne Delhaize, a tenté l’expérience du Footsal (foot en salle) pour son petit-fils Lucien, sur les conseils d’un ami entraîneur qui avait l'habitude d’inclure des enfants en situation de handicap, raconte Margot. Au début, Lucien était au fond du terrain, il faisait beaucoup de crises, il se tirait les cheveux, il n’allait pas voir les autres. Et au fur et à mesure des séances, il a commencé à s’approcher du groupe et à participer aux activités. En prenant connaissance de cette histoire, Virginie Prelle, aujourd’hui vice-présidente de l’association et maman d’une jeune femme en situation de handicap, s’est dit qu’il fallait pouvoir donner cette opportunité à d’autres.

“Notre mission aujourd’hui est de venir en aide aux structures sportives qui existent déjà et les petites associations de quartier pour leur permettre d’avoir une politique d’inclusion proactive et autonome”, explique Margot. L’idée est d’inclure un enfant handicapé dans un groupe de 10 enfants valides”, pour que l’expérience soit vraiment efficace. L’enfant est obligatoirement suivi par un assistant de vie sportive (AVS) qui l’accompagne sur le terrain et l’aide à suivre l’entraînement et les activités. En parallèle, le cours est donné à tout le monde par un coach diplômé.

"Mon fils a d’abord passé des tests pour savoir s’il pouvait être en cours collectif, nous raconte Sandrine, maman du petit Arthur, atteint d’une trisomie 21, aujourd’hui âgé de 8 ans. L’avantage avec cette configuration, c’est que l’AVS qui le suit pendant l’entraînement peut le recentrer sur l’activité s’il se disperse ou lui expliquer la consigne dans des mots plus simples s’il n’a pas bien compris. Arthur a commencé quand il avait 5 ans. Aujourd’hui, il continue toujours et je ressens même chez lui le manque et l’impatience d’y retourner après les vacances.

Une opportunité de développement pour la motricité et la vie sociale

Le sport inclusif est ouvert à tous les types de handicaps. Ce sont principalement des parents d’enfants atteints d’un handicap mental ou psychique qui viennent frapper à la porte de l’association, car c’est une opportunité de développement sur plusieurs axes qui sont propres à ce type de troubles.

“Ce sont des enfants qui s'expriment et évoluent beaucoup par mimétismes. Voir les autres aller vite et dépoter leur donne envie de faire pareil”, nous explique Margot. “On ne cherche pas la performance sportive, on cherche l’inclusion, que l’enfant se fasse des copains, qu’il acquiert des bases sociales et développe sa motricité.” Sandrine, le confirme, son fils Arthur a pu développer notamment son sens de l’équilibre grâce aux entrainements. “Courir ou sauter à cloche pied étaient des choses difficiles pour lui avant le sport.”

L’activité physique collective permet à l’enfant de développer muscles, coordination, force et équilibre par le jeu et hors du cadre médical (qui reste indispensable) des séances de kiné ou psychomotricien.

Les valeurs véhiculées par le sport en équipe comme le fairplay, le respect des autres et l’entraide, profitent à tous les enfants, mais plus particulièrement aux enfants avec un handicap mental pour qui la vie en groupe est parfois difficile à vivre. “Le foot en salle (futsal) a aussi permis à Arthur d’apprendre les règles de “bien vivre ensemble” comme faire la queue, attendre que ce soit son tour, passer la balle aux copains.”

Une ouverture d’esprit pour tout le monde

Concernant la question de l’acceptation dans le collectif, les structures validées par l’association garantissent une campagne d’information dans le club et une formation des coachs au handicap. “Les parents qui viennent inscrire leurs enfants dans le club sont mis au courant de la possibilité d’inclusion d’enfants handicapés dans le groupe. Lorsqu’ils signent, ils le savent, ils sont d’accords et peuvent en parler avec leurs enfants au préalable. Notre but est vraiment de rassurer les parents qui veulent faire inclure leur enfant : chaque club labellisé porte nos valeurs d’inclusion et un dialogue et une communication auprès des familles ont été entamés avant l’arrivée de leur enfant”.

Inclure un enfant handicapé dans un collectif valide, c’est aussi faire connaître et accepter la différence aux autres dès le plus jeune âge. “Mon fils a commencé dès l’âge de 4 ans dans une équipe d’enfants de son âge. Ils ont tout de suite compris qu’Arthur était celui qui avait besoin de l’aide du coach pour faire certaines choses, que le coach devait le tenir pour marcher sur la poutre et pas eux. Ils ne se sont jamais posés de questions, ils ne l’ont jamais mis de côté et ils comprennent quand il faut ralentir le jeu pour qu’Arthur puisse un peu prendre la balle”, témoigne Sandrine.

"L’inclusion doit être un projet de famille”

L’inclusion ne concerne pas seulement l’enfant, mais aussi ses parents. “C’est un moment où ils sont en dehors du monde médical, où ils le vivent comme les autres parents”, explique Margot. Pas besoin de fournir non plus un dossier MDPH pour justifier de la différence de son enfant, l’inscription est la même pour tout le monde.

Pour que toute la famille bénéficie de l’expérience, il faut que tout le monde soit impliqué. “Si la famille cherche juste à mettre son enfant dans un club pour une heure de garderie, on a tendance à conseiller au club de refuser l’inscription. L’inclusion ne passe pas que par une heure de sport dans la semaine, ça doit être un projet de famille. Quand tout se passe bien avec le club on essaye de montrer aux parents qu’il faut pérenniser l’évolution et emmener leur enfant en société plus souvent, au cinéma, au restaurant, dans les magasins... ”, prévient Margot.

L’appréhension de l’accueil ou du regard des autres, de l’échec ou du mal-être pour son enfant est normal, mais elle ne doit pas prendre le dessus. Sandrine, la maman du petit Arthur admet avoir toujours eu de belles rencontres qui ont facilité son ouverture aux projets d’inclusions, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. “Il ne faut pas y aller avec un boulet aux pieds. Si vous avez peur ou si vous n’avez pas envie, votre enfant va le ressentir et ça risque de déteindre sur lui.”

Comment trouver un club de sport inclusif ?

Pour inclure votre enfant dans un club labellisé “sport inclusif”, prenez contact directement avec l’association, Les enfants de la balle. L’association pourra vous rediriger vers un club inclusif proche de chez vous, déjà labellisé ou se rapprocher d’un club qui vous intéresse pour les former et les aider à obtenir de quoi pouvoir accueillir un enfant en situation de handicap.

Pour les démarches d’inscription, le parcours reste dans une logique d’inclusivité. Le prix est le même pour tout le monde.

 

Bénédicte Demmer

 

Sources :

  • Interview Margot Debaisieux, responsable projet inclusion pour l’association Les Enfants de la balle,
  • Interview Sandrine, maman de Arthur, 8 ans, atteint de trisomie 21.

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