Lever les tabous sur le deuil pour pouvoir surmonter cette épreuve

La mort et le deuil restent des termes et réalités encore tabous. Mieux les comprendre, permet pourtant de se donner des ressources pour faire face au chagrin, à la peur, à la culpabilité, à la colère.

Depuis 8 ans, j’accompagne des personnes confrontées au deuil. Ils ont 4 ou 94 ans, sont seuls ou entourés, en deuil depuis hier ou depuis 50 ans… Désormais Déléguée Générale de l’association Empreintes, je tente de répondre au mieux à leurs besoins.

Leur point commun ?Ils se sentent seuls, incompris. Pourquoi je ne vais pas mieux maintenant ? Mon deuil est-il pathologique ? Comment vivre mes émotions ? Faut-il faire son deuil ? Oublier ? Comment continuer à vivre ?

Si 9 Français sur 10 déclarent être concernés par un ou plusieurs deuils, la moitié d’entre eux est heurtée par les réactions de l’entourage, par méconnaissance du processus de deuil. Or les conséquences du deuil peuvent être lourdes pour la santé psychique et psychique, pour le maintien ou le retour à l’emploi, pour l’autonomie, pour le logement, pour l’isolement…

Les enfants eux aussi sont concernés!Lors d’un groupe d’adolescents que je co-anime, Charlotte qui a perdu son père un an auparavant nous explique qu’elle va moins bien depuis quelques semaines. Elle pleure souvent, même au collège. Quand nous lui indiquons que c’est dans l’ordre des choses, parce qu’elle vit un deuil elle s’exclame: "Ah bon ? Parce que je suis en deuil ?".

Le mot "deuil" est fréquemment employé, mais son sens, sa temporalité, son processus sont méconnus. Sa réalité resterait-elle taboue ? Mieux comprendre le deuil, c’est se donner des ressources pour faire face au chagrin, à la peur, à la culpabilité, à la colère. C’est pouvoir mieux comprendre ses proches, vivre cette épreuve pour ensuite la surmonter.Savoir ce qu’est un deuil, comment cela se déroule, à quoi ça sert, c’est parfois vital.

Pour les aidants, quand la mort survient après un long suivi médical ou de dépendance, le décès peut provoquer un état de choc, d’incrédulité, de révolte, voire un sentiment d’abandon.Personne n’y est préparé et le décès peut être vécu comme une survenue brutale. Parfois, ce temps de la maladie ou du grand âge a permis d’apprivoiser l’approche de la mort. Cela a pu protéger un peu, amortir le choc. Mais le dialogue sur la mort entre les proches et la personne malade ou âgée a parfois été difficile, voire impossible.

L’épreuve de la maladie laisse chacun épuisé. Les proches ont parfois des ressources affaiblies pour affronter l’après, la perte, l’absence. La relation a parfois été altérée, les images de souffrance peuvent dominer. Si un sentiment indicible de soulagement, de libération émerge, la culpabilité étreint. Alors chercher de l’aide face à cette épreuve n’est pas du luxe !

S’informer sur ce qu’est le deuil, explorer les ressources possibles : films, livres, sites internet, lignes d’écoute, groupes, thérapies… c’est pouvoir vivre son deuil et se reconstruire. C’est possible !