Un paysage de montagne rappelle son domicile à une personne âgée.

Anticiper les besoins pour préserver l'autonomie

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Valentine revient sur les difficultés d'adaptation de son beau-père lorsqu'il a fallu lui faire quitter son logement pour vivre proche de chez elle.

Valentine raconte les difficultés d'adaptation lorsqu'elle a dû faire déménager son beau-père âgé, proche de chez elle.

Michel, mon beau-père, a 87 ans. Il a beaucoup vécu en haute montagne. Il est devenu veuf il y a quelques années, après avoir lui-même aidé sa femme. Le poids des ans se faisait sentir et il n’avait plus de lien familial à moins de six-cents kilomètres de chez lui. Pour lui qui avait été très sportif, les deux étages qu’il avait à monter devenaient un vrai obstacle. Pour nous ça a été le premier signe, ce n’était plus possible qu’il continue à vivre dans cet appartement. Il fallait lui proposer une vie autonome dans un nouveau cadre qui permette de tenir compte de ses nouveaux besoins. On lui a proposé de déménager dans notre village du Loire-et-Cher. L’étape de la proposition a été très délicate. On y a été avec beaucoup de douceur. C’est très important qu’on l’aide à conserver son autonomie. On lui a trouvé une petite maison, près des commerçants, et il organise sa vie comme il veut. Il y a une pharmacie, une église à laquelle il est très attaché, des boutiques, le tout est accessible à pied.

Garder ses repères dans une nouvelle maison

Il a fallu organiser le déménagement. Ça n’a pas été facile pour lui, si attaché à la montagne, mais il n’a rien dit. Il ne faisait plus de courses en montagne ni d’alpinisme depuis quelques années, mais il avait la vue sur la montagne à chaque fenêtre de son appartement et cela lui manque forcément. Il a fallu emporter le grand panneau mural qui représente le Massif des Ecrins on pouvait tout oublier, mais pas ça. Garder ses meubles, aussi, c’était important pour lui. Il a conservé ses repères, son environnement immédiat. Je pense que cela le rassure beaucoup d’avoir ses biens, son chez soi, même si c’est ailleurs.

Être attentif aux premiers signes

Il faut veiller aux petits signes de l’âge qui n’ont parfois l’air de rien, mais qui peuvent créer des cercles vicieux ou s’ils sont soignés sans vision globale, peuvent être dangereux. Par exemple, il était un peu malentendant. Quand on entend mal, on finit par s’isoler. Michel disait toujours que la solitude lui allait bien, il s’accommodait de cette situation, mais il en souffrait aussi. Il n’entendait qu’à 60%, ce n’est pas un sujet de volume sonore mais d’articulation. Quand les gens parlaient vite et sans articuler, il n’entendait rien. Cela provoquait une sorte d’isolement dans ses pensées. Depuis, je lui ai fait faire un appareil auditif qui a largement amélioré la situation.

Maintenir des activités

Michel marche encore très bien. A la montagne, il avait pris l’habitude de ramasser les petits papiers qui trainaient pour que son village soit propre. Il a voulu faire pareil en arrivant ici, il avait une pince pour ça. J’étais un peu embêtée. Cela m’a un peu froissée de le voir faire dans mon village, j’avais peur que ça ait l’air bizarre, mais en fait cela lui fait du bien, il se sent utile pour la société. Il est dans une sorte de délire depuis un moment. Il est persuadé qu’une catastrophe va arriver et que le monde va avoir besoin de lui. Cela le tient en forme d’une certaine manière, car il est persuadé qu’il doit se tenir prêt. Il faut être habile pour lui dire qu’on n’y croit pas complétement, mais sans trop démolir ses idées car ça l’aide à tenir.

J’aime beaucoup l’idée de proposer des activités intergénérationnelles. Cela apporte beaucoup quand des groupes de jeunes viennent faire du théâtre, de la musique, c’est important pour eux. En tant qu’octogénaires, ils ont une expérience à nous apporter. Ils peuvent nous apporter quelque chose de leur vécu, du bon sens, une analyse du monde. Il faut qu’ils le sentent. Il faut leur dire.

Ma philosophie

Ne pas aller plus vite que mon proche. On ne comble que ce qu’il ne peut plus faire. On n’anticipe pas dans la mise en place des compléments car on veut qu’il garde la maitrise le plus longtemps possible.  

Ne pas aller plus vite que mon proche. On ne comble que ce qu’il ne peut plus faire. On n’anticipe pas dans la mise en place des compléments car on veut qu’il garde la maitrise le plus longtemps possible.  

Mon conseil pratique

En tant qu’aidant, c’est très important de garder du temps pour soi. On donne, on donne, on donne et cela rend l’autre personne dépendante. Il faut se préserver un minimum de vie privée, faire ce que l’on aime. Moi, j’aime bien voyager, alors je fais attention à me préserver du temps pour moi. Il faut respecter un équilibre.

Quand Michel est arrivé, on l’a pris chez nous, mais au bout d’une semaine, il commençait à trouver ça normal. On s’est dit qu’il fallait qu’on le pousse dans son nouveau logement rapidement, pour qu’il garde son autonomie.